En juillet dernier, Isabelle Bréant adhérente de Mobile en Ville, s’est lancée un défi : relier Massy (91) à Massy (74) en roller. En tout, cette bonne vivante a parcouru plus de 1031 kms !
Nous l’avons rencontré pour qu’elle puisse vous expliquer plus en détails cette expérience !

Rencontre :Isabelle Breant

Qui es-tu Isabelle, d’où viens-tu ?

J’ai appris le roller avec des amis, quand j’habitais à Strasbourg, c’est de là que le mal est parti, avec cette sensation incroyable de liberté qu’offre la glisse. Revenue en région parisienne, j’ai continué et quelques années après la naissance de mon fils, j’ai fini par m’inscrire au club de la ville où j’habite, Massy, en me disant que quelques cours techniques, ce serait pas du luxe !

 

cartesNous avons suivi en juillet dernier ton périple de 13 jours, de Massy (91) à Massy (74).
Comment as-tu eu l’idée d’un tel défi ? Quels en sont les objectifs ?

Que ce soit à pieds ou en roller, j’ai toujours aimé partir vagabonder. Il me fallait un prétexte, une idée pour faire un raid un peu plus long que celui de 2015 qui faisait 580km. Comme j’ai des amis beaucoup plus fous que moi qui ont déjà fait des diagonales, longé les frontières, les côtes françaises… je cherchais quelque chose à ma mesure.
Lors de planification de trajets en voiture, j’avais remarqué qu’il existait plusieurs Massy et quand j’ai vu que la distance à parcourir des uns aux autres était d’environ 1000 km, je me suis dit « chiche ».
Le but n’était pas l’exploit sportif en soi, parce que je sais que d’autres font bien plus et en moins de temps et surtout parce que je savais que cette distance était accessible ! C’est aussi mon désir d’aller à la rencontre des autres, parce que je sais que chaque voyage en est l’occasion.

Durant ce voyage, un de mes plus gros souvenirs, un gros coup de cœur en fait est celui de la maison du Morvan, une discussion à la découverte du lieu lui-même, mais aussi du matériel mis à disposition des personnes à mobilité réduite pour découvrir les environs que j’ai pu voir et pour certains essayer. Dur pour moi de résister à quelqu’un de passionné par son métier !

1031 kms, 13 jours de parcours, en combien de temps as-tu organisé cette sortie ? Pourquoi cette distance là ?

 En fait, 1045km de Massy(91) à Massy(74) et au final 1066 jusqu’à Annecy. J’avais prévu un peu plus de 15 jours, en cas de nécessité de faire un ou deux jours de pause.

Même si j’aime l’aventure, j’apprécie un minimum de confort et de sécurité, j’avais donc organisé ce voyage en recherchant des étapes camping éloignées d’environ 75 à 80km chacune. Il s’agit là d’une distance moyenne qui permet de prendre en compte différents aléas du voyage comme un départ un  peu tardif, une météo capricieuse, des pauses à rallonge, une visite impromptue…

paysages

Quand on part sur un défi comme celui-ci comment faut-il s’y préparer ? (roller, alimentation, entrainement)

Je participe à l’entraînement endurance interclub de l’Essonne depuis 3 ans maintenant, dans ce but. Malheureusement, durant le 1er semestre 2016, je n’ai pu suivre que quelques séances, mais, heureusement, j’ai pu compter sur mes amis avec qui j’ai pu rouler régulièrement tout l’hiver, quel que soit le temps, puis au printemps. Et puis je me suis aussi mise à la compétition d’endurance en solo dans le même but depuis 3 ans maintenant. Enfin et surtout, je suis entrée en contact avec les autres voyageurs à roller qui utilisent le skatedrive, ils m’ont conseillée, encouragée, comme Yann ARNOUX, que certains connaissent bien à MEV qui m’a même accompagnée et dépannée en 2015 sur mon premier long voyage.

Je vais éviter de m’étendre sur mon alimentation car, dans le domaine, il y a trop d’inavouable ! J’essaie d’être raisonnable, mais c’est difficile quand on est gourmande. Quand je voyage, je privilégie la simplicité, car j’ai parfois du mal à manger : je ne supporte plus alors tout le sucre et le gras que je suis capable d’ingurgiter en temps ordinaires. Mon gros défaut en la matière, je pars avec trop de réserve dans les sacoches.

Est-ce ton premier défi de ce style ?

Non, cela fait plusieurs années que je pars, et avec les années, je rallonge et la distance et le nombre de jours, varie les destinations.

Tu étais seule sur ce défi, est-ce ton choix ou est-ce que tu aurais aimé le partager avec d’autres ?

J’apprécie de voyager seule, j’assume mes choix, tous mes choix. Mais je souhaite de plus en plus pouvoir partager plus que des photos, c’est pourquoi, j’ai invité ceux qui le souhaitaient à me rejoindre sur le parcours. Le premier jour, j’ai ainsi été accompagnée par des amis de mon club, de Massy et Anthony de GIF, mais aussi Francis GONCALVES de MEV qui m’a accompagnée de Massy jusqu’à Pontoise. Quelques jours plus tard, de retour en région parisienne, j’ai été rejointe par Thierry membre du club de Rambouillet (2RE) qui m’a suivie 2 jours, l’accueil des autres membres de 2RE qui m’attendaient à Saint Léger, d’Auréline et surtout de Corinne qui m’a hébergée à Rambouillet et enfin Cécile, une amie du club de Brétigny ; autant de personnes avec qui j’ai eu l’énorme plaisir de rouler.

Quel est ton bilan sur la qualité des voies empruntées ?Route mauvaise

Pour ce qui concerne les voies vertes, celles-ci étaient globalement de bonnes, voire de très bonne qualité, parmi celles suivies. C’est la parisienne coulée verte qui était sans doute celle en moins bon état et la moins roulante et avec un dénivelé qui peut être difficile, que l’on soit PMR ou rollers. Les voies vertes normandes, nickel, idem pour les Bourguignonnes, en dehors de 2 km un peu grattonneux le long du canal du nivernais, c’est-à-dire pas grand-chose pour plus de 40km de voie verte. Quant aux voies vertes de Nolay à Macon, nickel, avec l’incontournable tunnel du bois clair 2 km dans la pénombre qu’il faut monter chercher, à la sortie de Cluny, en direction de Macon. Quant aux routes… du très bon, à faire demi-tour juste pour le plaisir de la glisse et puis du très mauvais, à freiner dans les descentes tant les vibrations deviennent insupportables… et encore, je n’avais pas des roues dures ! Globalement, je n’ai pas à me plaindre, les revêtements étaient suffisamment roulants pour ne pas être source de découragement et de fatigue supplémentaire… et puis c’est moi qui l’ai voulu après tout !

Tout au long du parcours et des villes traversées, les habitants venaient-ils à ta rencontre afin de connaître tes motivations ?

Oui, cela m’est effectivement souvent arrivé, tous les jours en fait, que ce soient les gérants de camping, mais aussi durant mes pauses, sur les marchés, au café…
Les gens sont toujours heureux que l’on ait choisi de passer chez eux, de savoir où vont me mener mes prochains tours de roues.

Quels types d’équipements as-tu du prévoir pour réaliser ton défi ?

Mon équipement était composé avant tout du skatedrive, monocycle équipé de sacoches, qui a constitué mon moyen de portage pour les vêtements évidemment, mais aussi la tente, sac de couchage et tapis de sol, bâche légère, la popotte, la pharmacie et ma caisse à outils (que je n’ai pas eu cette fois à utiliser heureusement!). Il y avait aussi la nourriture, trop de réserve bien évidemment, que je n’avais de cesse de renouveler au long des jours. J’ai dû néanmoins renvoyer par la poste 2 kg de matériel dont je pouvais me passer pour m’alléger en prévision du dénivelé à partir des monts du Morvan, des monts de l’Ain et surtout des premières montagnes des Alpes à venir pour la fin du voyage.paysages

Est-ce que tu conseilles ce parcours à d’autres mordus de défi roller ? Faut-il un profil particulier ? (expérimenté, amoureux de la nature)

Mon parcours est particulier et a été parfois très personnel. Evidemment, tout ce qui concerne les voies vertes, Avenue verte Londres – Paris, la vv Forges les Eaux- Dieppe (une de mes voies vertes françaises préférées), les voies vertes bourguignonnes, sont accessibles à tous quel que soit le niveau ou l’équipement vélo, roller ou PMR.

Pour ce qui est du reste, de la route, il vaut mieux un peu d’assurance et de pratique pour se confronter au revêtement comme au voisinage des voitures.

Et bien sûr, il faut aimer le grand air et la précarité auxquels nous soumettent les éléments, mais quel plaisir de voir le paysage changer !

Pour toi quels ont été les plus et les moins de ton expérience ?

Je crois que j’ai déjà oublié les moins… la canicule ? Mon petit accès de faiblesse dans la Nièvre qui va m’obliger à y retourner !

Mes plus, tout le reste : le plaisir de rouler comme de m’arrêter de rouler, celui de rencontrer l’autre, l’autre que je connaissais (un énorme merci à mes accompagnateurs), ou que je découvrais (Catherine ;-)), les commentaires sur les endroits traversés, les encouragements que chacun m’a donné et qui faisaient chaud au cœur, qui faisaient surtout que je ne me sentais jamais seule, parce que je vous savais là, attentifs.

Merci Isabelle pour cet entretien et bravo !